En un clin d’oeil

La dépression du post-partum est un trouble psychique qui peut toucher une mère dans l’année la naissance de son enfant.
Elle se caractérise par une tristesse et une anxiété prononcée, avec des sentiments de culpabilité et de dévalorisation concernant le rôle de mère.
Non prise en charge, elle peut avoir des répercussions importantes sur la santé de la mère et le développement de l’enfant.
La prise en charge allie psychothérapie et traitement médicamenteux.

La dépression du post-partum est un trouble psychique qui peut survenir chez une mère dans l’année qui suit son accouchement. Elle se manifeste par une tristesse intense et une perte d’intérêt, sur une période prolongée. La reconnaître et la dépister précocement permet d’en améliorer la prise en charge et de favoriser la guérison.

Dépression post-partum ou « baby blues » ?

La dépression du post-partum se distingue du « baby blues » par sa prévalence, sa période de survenue, sa durée et l’intensité de ses manifestations. En effet, le « baby blues » toucherait entre 50 et 80 % des femmes ayant accouché1. Il se manifeste dans les premiers jours suivant l’accouchement, est limité dans sa durée (maximum 2 semaines) et n’entraîne que des symptômes de gravité relativement modérée2.

La dépression post-partum, quant à elle, concerne moins de femmes, mais avec un impact plus durable (supérieur à 2 semaines). Ce trouble associe une tristesse intense, des sautes d’humeur, des pleurs incontrôlables, une dévalorisation de ses compétences maternelles et de la culpabilité2… Les symptômes se développent généralement entre 2 et 6 mois (et jusqu’à un an) après la naissance1 et sont invalidants, pouvant augmenter le risque suicidaire2. En plus d’altérer la santé de la mère, la dépression post-partum peut être à l’origine de troubles de l’attachement mère-enfant, nuisibles au bon développement du nourrisson1.

Quelles sont les causes de la dépression post-partum ?

Entre 10 et 20% des mères souffriraient d’une dépression du post-partum dans l’année suivant leur accouchement3. La dépression du post-partum peut survenir1 :

chez une mère qui présentait jusque-là une bonne santé psychique ;
à la suite d’un « baby blues » qui s’installe et s’aggrave ;
lorsqu’une femme a souffert d’un épisode dépressif durant sa grossesse.

La dépression post-partum est un trouble multifactoriel. L’état actuel des connaissances scientifiques ne permet pas d’en identifier précisément les causes. Toutefois, plusieurs facteurs de risque ont été mis en lumière par la recherche4 :

l’existence antérieure ou le développement d’une dépression durant la grossesse ;
un antécédent de dépression post-partum ;
des antécédents familiaux de dépression ;
le stress causé par des difficultés relationnelles, professionnelles, financières, etc. ;
le manque de soutien du conjoint et de l’entourage ;
une grossesse pathologique (accouchement prématuré, enfant atteint d’anomalies congénitales, etc.) ;
des sentiments ambivalents autour du projet d’enfant (grossesse non désirée, interruption envisagée, etc.) ;
un allaitement difficile.

Des modifications hormonales, la privation de sommeil et des prédispositions génétiques pourraient en outre jouer un rôle dans l’apparition de la dépression post-partum3.

Quels sont les symptômes de la dépression post-partum ?

Lorsqu’une femme souffre de dépression post-partum, elle peut éprouver une grande variété de symptômes, parmi lesquels1 :

un sentiment de ne pas être à la hauteur de son rôle de mère, qui donne lieu à de la culpabilité, l’impression d’être une « mauvaise mère » et d’avoir des difficultés à établir un lien avec son enfant ;
l’impression de ne pas être capable de s’occuper de son nourrisson et la crainte de lui faire du mal. Cela peut se traduire par des difficultés à entrer en contact physique avec son enfant ;
un sentiment d’irritabilité et de rejet de l’enfant ;
une anxiété prononcée (notamment pour tout ce qui a trait à l’enfant), des crises de panique ;
une grande tristesse sans raison apparente, le « besoin » de rester seule qui peut aboutir à un repli sur soi ;
un découragement et un épuisement permanent ;
un désintérêt pour les activités autrefois agréables et une absence de plaisir lors de leur réalisation ;
des troubles du sommeil (trop dormir ou avoir des insomnies), des douleurs multiples (maux de tête, mal de ventre, etc.) ;
des troubles de l’alimentation (perte d’appétit, boulimie, etc.) ;
une sensation de perte de contrôle et d’inaptitude à prendre des décisions ;
une forte culpabilité, souvent renforcée par les clichés véhiculés sur la parentalité (« j’ai tout pour être heureuse et je ne le suis pas ») ;
des perturbations des relations familiales ;
des idées suicidaires.

Comment la dépression du post-partum est-elle diagnostiquée ?

Les critères diagnostiques de la dépression post-partum sont identiques à ceux des troubles dépressifs majeurs, à savoir la présence d’au moins 5 des symptômes suivants, pendant une durée égale ou supérieure à 2 semaines2 :

une humeur dépressive ;
une perte d’intérêt et/ou de plaisir ;
une perte ou une prise de poids importante ;
une agitation ou un retard psychomoteur ;
Une insomnie ou une hypersomnie ;
un sentiment d’inutilité ou de culpabilité ;
une diminution de la capacité de concentration ;
des pensées suicidaires ou meurtrières.

Si vous ressentez certains des symptômes listés ci-dessus, n’hésitez pas à demander de l’aide. Parlez-en à votre entourage et au professionnel de santé en charge de votre suivi (médecin, sage-femme, professionnels de santé du centre de protection maternelle et infantile).

L’entretien post-natal est également l’occasion de repérer les premiers signes d’une éventuelle dépression post-partum. Il est systématiquement proposé aux mères entre la 4ème et la 8ème semaine suivant leur accouchement, et réalisé par une sage-femme ou un médecin1.

Quelle prise en charge pour la dépression du post-partum ?

Un dépistage et une prise en charge précoce de la dépression post-partum améliorent sensiblement les résultats des traitements2. La prise en charge peut impliquer plusieurs professionnels de la santé : sage-femme, médecin traitant, psychiatre et psychologue. Elle repose généralement sur l’association d’une psychothérapie (de soutien, cognitive et comportementale, familiale…) et de médicaments antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine)1.

Le soutien de l’entourage est essentiel pour sortir de la dépression. Il permet à la mère de se ménager de courtes périodes de repos durant lesquelles l’enfant est gardé par des personnes de confiance. Grâce aux traitements, la dépression du post-partum guérit généralement en moins d’un an. Cependant, le risque de rechute est important si une autre grossesse survient1. La vigilance s’impose donc afin de prévenir et limiter ce risque.

Les pères peuvent-ils souffrir de dépression du post-partum ?

Il arrive que le père ou la conjointe présente des symptômes dépressifs dans les mois suivant l’accouchement. Ces symptômes seraient d’autant plus présents si la mère souffre elle-même de dépression.

Près de 10 % des pères souffriraient ainsi de symptômes dépressifs dans les mois suivant la naissance de leur enfant. Selon de récentes recherches, ce risque serait cependant minoré chez les pères bénéficiant d’un congé paternité. Le risque de dépression post-partum serait en revanche augmenté chez les femmes dont le conjoint a pris un congé paternité1.

Conclusion

La dépression du post-partum est un trouble fréquent chez les mères. Elle entraîne des symptômes similaires à ceux d’un épisode dépressif majeur. Si vous en ressentez les signes précurseurs, pensez à demander de l’aide au plus vite. En effet, plus la dépression post-partum est prise en charge précocement, moins elle aura de répercussions sur la mère, son enfant, et leur entourage.